Mes romans de l’été 2024 – 3

Un parfum d’encre et de liberté – Sarah McCoy – 480 pages POCKET (02/02/2017)

Résumé : 1859. Deux ans avant le début de la guerre de Sécession. Sarah Brown, fille d’un célèbre abolitionniste, se résigne à ne pas avoir d’enfant. « Qui voudrait l’épouser ?  » se désole sa mère… Sarah retrouve pourtant goût à la vie en s’engageant avec sa famille dans un groupe de résistants, qui aide les esclaves à fuir leur terrible sort vers le nord de l’Amérique. Grâce à ses talents artistiques, elle retrace et dissimule dans ses dessins les cartes secrètes qui mènent à la liberté.


2014. Eden et son mari, un couple en manque d’enfant, emménagent dans une ancienne demeure de la petite ville de Charleston en Virginie. Alors qu’Eden vagabonde dans sa maison en compagnie de sa voisine, une fillette énigmatique, elle découvre une tête de poupée soigneusement cachée dans le cellier. Malgré les ravages du temps, elle entrevoit de curieuses lignes sur le visage de porcelaine, dans lequel se trouve une mystérieuse clé…


Plus d’un siècle sépare Eden et Sarah mais leurs routes vont s’entrecroiser. Car sur la grande carte de l’Histoire, le passé et le présent se rejoignent. Le destin de ces deux femmes dépassera la douleur de ne pas pouvoir enfanter et elles se révèleront à elles-mêmes.
1859. Chez les Brown, la cause abolitionniste se transmet de père en fille. En pleine guerre de Sécession, la jeune Sarah suit les traces de son célèbre père, sacrifiant tout de sa vie de femme dans son combat pour la liberté…
2014, banlieue de Washington. En achetant cette vieille demeure sur Apple Hill, Eden pensait pouvoir guérir son désir d’enfant – que son corps lui refuse. Une nouvelle vie, de nouveaux voisins et, cette mystérieuse tête de poupée retrouvée dans la cave, lui ouvriront un autre chemin, tracé pour elle depuis plus de 150 ans.
Plusieurs décennies séparent ces deux femmes et pourtant leurs destins se rejoignent sur bien des points…

Mon avis : Ces deux femmes que l’Histoire sépare, sont deux esprits libres, des entrepreneuses courageuses et volontaires. Mais surtout, elles sont mues par l’amour et le partage. C’est un roman plein de bienveillance.

Autant dans la partie historique, les épreuves que vivent les protagonistes sont perturbantes, dangereuses voire mortelle, autant la partie moderne (2014) est un peu trop parfaite. Dans cet environnement tout le monde est gentil, la ville proprette et le festival annuel joyeux avec un vote sur sa meilleure tourte : on se croirait dans la série Gilmore Girls. Tout cela n’est pas très crédible. Mais c’est un bon roman pour se reposer et profiter de promenades en montagne ou de la plage.

Mes romans de l’été 2024 – 2

La laitière de bangalore – Shoba Narayan – 2020
304 pages
LE MERCURE DE FRANCE

Résumé : Après plus de vingt ans passés aux États-Unis, Shoba rentre en Inde avec sa famille. Dans les rues de Bangalore, hommes d’affaires côtoient vendeurs à la sauvette, mendiants, travestis et… vaches! Shoba se lie bientôt d’amitié avec Sarala, sa voisine laitière dont les vaches vagabondent dans les champs. Mais lorsque Sarala propose à Shoba de participer à l’achat d’une nouvelle bête commence une drôle d’épopée !

Acheter une vache en Inde n’est pas une mince affaire… Il y a des règles strictes et d’innombrables traditions à respecter. Et comment choisir parmi les quarante races indigènes de bovins – sans compter les hybrides ! De foires aux bestiaux en marchandages sans fin, Shoba redécouvre l’omniprésence de l’animal dans la vie indienne : on boit son lait, mais on utilise aussi sa bouse pour purifier les maisons, son urine pour fabriquer des médicaments…

Dans une succession de scènes cocasses et émouvantes où les vaches ont le premier rôle, Shoba Narayan évoque aussi les mantras, Bollywood, la médecine ayurvédique, le système de castes, et dresse ainsi un portrait contrasté de l’Inde d’aujourd’hui.

Mon avis : Mais quel petit bonheur de lire ce livre. Je me suis retrouvée plongée dans les rues de Bangalore, rues qui pourraient être celle de n’importe quelle grande ville d’Inde – traînant dans les villages le nez au vent, dans les rickshaw et les taxis. Parfums, goûts, sourires et contradictions indiennes auxquelles nous les occidentaux sommes parfois confrontés avec étonnements.

Le maître mot : garder sa sérénité coûte que coûte. Incredible India

Mes romans de l’été 2024 – 1

Hilarion – Christophe Estrada – 437 pages
ACTES SUD (04/02/2012)

Résumé : Automne 1776, Aix s’anime : les hommes du Parlement font leur rentrée après avoir passé les mois d’été dans leur villégiature. De Toulon, arrive la rumeur des frasques des fils de bonne famille qui servent le roi dans les Gardes Marines. Une jeunesse plus dissipée, plus insolente, plus violente… Toutefois, les apparences sont trompeuses. Dans l’ombre du vieux palais comtal, le drame se noue. Le chevalier Hilarion, dont la réputation d’investigateur n’est plus à faire, est sollicité pour débusquer l’auteur de mises en scène autant macabres que scandaleuses. La noblesse d’Aix enterre ses morts, Hilarion poursuit ses fantômes.

Mon avis : Le chevalier Hilarion arrive à Aix à l’automne avec le mistral et le froid. Auréolé de ses réussites d’enquêteur pour la couronne, il est chargé de représenter le Roi à Aix, après avoir déjoué un complot fomenté par les pénitents rouges contre le monarque.

A peine arrivé auprès de sa tante,  la sagace et originale Mme d’Espinouse , il se frottent aux rumeurs et à la curiosité des nobles. Nous sommes en 1776, dans quelques mois, la révolution changera la donne et le peuple gronde.

Dans ce roman historique sombre, des meurtres sanglants et humiliants de jeunes nobles sont mis en scène. Avec le  lieutenant criminel Lebrest, enquêter sur la mort de jeunes nobles retrouvés émasculés dans des fontaines n’est pas facile. Même au nom de la justice du roi, interroger des nobles et de mettre à jour leurs secrets demande du courage et de la ruse. Ces deux personnages louvoient dans un monde en pleine mutation.

Quand à Hilarion, son sang chaud, a le don de le mettre dans des situations où il devra démontrer ses talents de bretteurs et d’enquêteur. Ce sera surtout sa ténacité et sa pugnacité concernant ces enquêtes qui le mettent face au danger. Clairement, il aime ça. Ce qui le chagrine, c’est de mettre en risque ses proches, – servants, amis ou famille – et que l’on tente de se moquer de son intelligence. Attention, il ne lâche rien.

Ce héros des temps anciens est un chevalier comme on aimerait en avoir un dans des ascendants. Il reste pétri dans sa noblesse de caste et de cœur et sait se faire des ennemis en tout élégance.

Une idée de roman pour l’été ?

Je tiens tout d’abord à remercier infiniment les @éditions_SABRAN pour l’envoi de ce roman en SP que j’ai dévoré et dont je vous livre ma chronique ci-dessous. Ce fut un excellent moment de lecture. Merci à l’autrice #Rachel_Gillig pour Une fenêtre sur les ténèbres.

Une fenêtre sur les ténèbres – Rachel Gillig – Editions Sabran – 432 pages

La Brume détruit le Royaume de Bourde. Cette dernière est une malédiction qui s’accompagne d’une maladie, la Fièvre. Ceux qui la contracte et en réchappent développent des dons interdits, des dons magiques. Ils sont alors poursuivis et exécutés par l’ordre des Destriers du Roi quel que soit leur âge, ou leur rang. Pourtant, certains leur échappent et cachent leurs talents.

C’est le cas d’Elspeth du Fusain qui a eu la maladie enfant et que son père a caché chez sa belle-sœur. Cette dernière en la soignant, lui a longuement lu le Vieux livre des Aulnes qui raconte le pouvoir des cartes de Providence, le plus grand trésor de Bourde. Ces 12 cartes sont en double exemplaire -sauf une, la plus puissante, celle des Deux Aulnes. Quand elles seront réunies, la brume disparaîtra et la fièvre avec. Les gens infectés seront guéris et Bourde sera sauvé.

Un jour, l’oncle d’Elspeth revient avec une de ces arcanes et sa curiosité d’enfant la met en contact avec la carte du Cauchemar. Toutes les cartes ont un pouvoir, une magie terrible. Pour celle là « Usez en, et vous disposez du pouvoir de parler dans l’esprit de chacun. Usez en trop, et vos plus sombres terreurs vous seront révélées. » Et pour Elspeth, le piège s’est refermé . Le Cauchemar, un monstre noir aux yeux jaunes, s’est emparé d’elle, vit avec elle, lui parle et parfois prend possession de son corps avec ou sans son consentement. Depuis ses 11 ans, elle lutte contre ce monstre en restant recluse le plus possible chez sa tante.

Mais lors de la fête de l’Équinoxe, Elspeth doit assister aux réjouissances au château du roi Cormier. Elle a beau se faire toute petite, elle est accostée par le jeune Emory d’If, neveu du Roi. Visiblement, il a été lui aussi infecté par la fièvre et son talent serait d’avoir des visions, notamment d’Elspeth. Effrayée, elle est secouru par le frère d’Emory, Ravyn le nouveau capitaine des Destriers du Roi. Pour cacher le secret de son frère, Ravyn lui propose un marché. Dès lors tout se précipite pour Elspeth, car Ravyn la soupçonne de talents et de secrets bien gardés. Elle accepte que sa vie bascule dans un monde d’intrigues où le challenge est d’aider à lever le sort qui empoisonne le royaume. Ensemble ils devront retrouver les douze cartes de Providence, mais tout à un prix et la magie à un coût. Surtout pour Elspeth et le Cauchemar.

Dans ce roman sombre, gothique à souhait on échappe à une romantasy excessive. L’intrigue se révèle après une introduction complexe sur le royaume de Bourde. Heureusement, l’autrice, met en scène très vite Elspeth et ses réflexions. Réflexions partagées et commentées par le « monstre », le Cauchemar. Cette double personnalité va coexister tout au long du roman et inciter l’héroïne à faire des choix dangereux pour elle.

A la lecture du texte, le lecteur peut avoir la sensation d’être plongé dans la brume. L’ambiance est pesante, cotonneuse ; le récit nous donne souvent l’impression d’errer dans un brouillard à la visibilité très restreinte. C’est déroutant. La lecture en devient immersive, l’environnement se dévoile par petites touches, et la lumière chiche est parfois rendue flamboyante par les cartes de Providence quand elles apparaissent aux yeux d’Elspeth. La quête est prenante. A chaque chapitre on en découvre un peu plus sur les enjeux des uns et des autres.

L’autrice a su mettre un rythme et une ambiance haletante dans son roman. Rien n’est facile pour les personnages. Elle a réussi à poser un univers à contre-courant des ouvrages actuels où trop souvent  le trope « enemies to lovers » englue le texte et l’intrigue, dans des relations intimes. Ici, la quête et ses dangers sont prégnants. C’est tout le sel de ce roman envoûtant.

Rentrée littéraire – mes coups de cœur

RITA de Marie Pavlenko

Une de mes dernières parfaite lecture. Merci @babelio_ pour cette découverte. @marie__pavlenko offre au lecteur la possibilité de se confronter aux problèmes nombreux de la jeunesse d’aujourd’hui et qui ne sont pas uniquement le harcèlement ou le danger des réseaux sociaux. C’est un roman choral fort, passionnant et bouleversant.

Présentation de la maison d’édition

Qui est Rita ? Que lui est-il arrivé ?

Tour à tour, élèves et professeur racontent leur année de terminale, celle qu’ils ont vécue.
Viggo, l’amoureux fou,
Romane, l’amie attentionnée,
Timour, le copain décalé,
tous brossent un portrait de Rita, une ébauche tendre, mais dramatiquement incomplète.
Car si leurs histoires disent l’amour, le désir, l’amitié, chacun avoue aussi être passé à côté du drame.
ersonne n’a rien vu venir.

Le silence des Pères – Rachid Benzine

Quand nos parents décèdent, nous sommes bouleversés.

Tristes ou heureux mais rarement indifférents.

Dans ce roman #lessilencesdespères sont porteurs de multiples voix, de multiples sentiments, mais avant toutes, celle de l’amour. Amour des parents, amis, famille, des autres jusqu’à s’oublier. Dans cette rencontre entre un fils pianiste international et la voix de son père décédé, c’est la reconstruction d’une vie, d’une époque et de l’amour filial que l’on va entendre. C’est beau, c’est à lire. Merci à @librairieentrelespages

Présentation de la maison d’édition :

Un fils apprend au téléphone le décès de son père. Ils s’étaient éloignés : un malentendu, des drames puis des non-dits, et la distance désormais infranchissable.
Maintenant que l’absence a remplacé le silence, le fils revient à Trappes, le quartier de son enfance, pour veiller avec ses soeurs la dépouille du défunt et trier ses affaires. Tandis qu’il débarrasse l’appartement, il découvre une enveloppe épaisse contenant quantité de cassettes audio, chacune datée et portant un nom de lieu. Il en écoute une et entend la voix de son père qui s’adresse à son propre père resté au Maroc. Il y raconte sa vie en France, année après année. Notre narrateur décide alors de partir sur les traces de ce taiseux dont la voix semble comme resurgir du passé. Le nord de la France, les mines de charbon des Trente Glorieuses, les usines d’Aubervilliers et de Besançon, les maraîchages et les camps de harkis en Camargue : le fils entend l’histoire de son père et le sens de ses silences.