Une nouvelle chronique de livre – Pour mourir, le monde de Yan Lespoux

Quatrième de couverture :

Quand les empires sombrent, quand les sociétés se délitent, des brèches se créent qui permettent de s’immiscer dans les interstices de l’Histoire.
1627, sur la route des Indes, dans la fureur d’une ville assiégée, dans le dédale des marais et des dunes battues par le vent, l’aventure est en marche et trois héros ordinaires verront leur destins réunis par une tempête dantesque…
Il y a Marie sur la côte landaise. Pour échapper aux autorités qui la recherchent, elle s’est réfugiée dans une communauté de pilleurs d’épaves sous la coupe d’un homme brutal. La jeune fille à peine sortie de l’adolescence refuse pourtant de baisser la tête.
Au Brésil, il y a Diogo, orphelin engagé dans la guérilla portugaise qui tente de reprendre Salvador de Bahia aux Hollandais.
Et à Goa, il y a Fernando, engagé de force dans l’armée portugaise, qui met tout en oeuvre pour échapper à sa condition.

Fresque historique sur fonds de conquêtes commerciales sur et au-delà des mers, ce roman raconte les tranches de vie maritimes de 3 personnages ordinaires. Fernando, très jeune enrôlé dans l’armée portugaise qui l’entraîne à Goa en Inde, sur un navire dirigé par l’inflexible le capitaine Manuel de Meneses, jusqu’à ce qu’il puisse quitter la marine. Marie, landaise, qui voulant échapper aux autorités françaises, se réfugie dans les dunes, une zone de non-droit sous l’autorité violente de son oncle. Diogo, fraîchement orphelin de San Salvador de Bahia, en Amérique du sud, doit s’adapter à sa nouvelle vie et choisit de la confier à Ignacio, un indien Tupinamba qui lui apprendra à se battre. Ces trois là ne devraient jamais se rencontrer et pourtant les évènements de l’époque et une tempête sans commune mesure les réunira malgré le rouleau compresseur de l’Histoire.

Yan Lespoux est un historien-écrivain qui sait décrire avec brio les lieux reconstitué du Portugal au Brésil en passant par les Indes. La qualité de l’écriture accompagne avec ses accents modernes ces personnages du XVIIème siècle . Ici, des villages délabrés des costejaires , les résiniers et les bergers, là le palais du sultan de Bijapur et là encore les sombres cales des vaisseaux armés et équipés pour le commerce portugais. C’est comme si nous pouvions voir, sentir, ressentir tous ces lieux visités. L’immersion est totale, prenante, intense et les descriptions des batailles navales que se livrent Anglais, Portugais et Hollandais sont terriblement réalistes. Beaucoup de personnages dans ce roman, beaucoup de décors, beaucoup de rebondissements pour chacun des trois principaux protagonistes. C’est un récit dense et jamais l’auteur ne nous perd, il nous entraine avec enthousiasme jusqu’au croisement attendu de ces destins dans les dernières pages.

Bref un roman à lire si l’on veut connaitre un pan de l’Histoire du monde pas toujours vulgarisé.

Écriture(s) et musique(s)

Certains des ateliers que j’anime sont liés à la musique.

Parfois, ce sont des thèmes musicaux liés aux contraintes d’écritures pour déclencher le processus d’écriture.

Parfois, alors que l’atelier n’est pas musical, les écrivants me demandent si ils peuvent écouter leur propre musique.

Évidemment que oui !

L’écriture et la musique se complètent et s’influencent. J’aime les mêler, pour les ateliers mais aussi quand, à mon tour, j’écris.

Lors de la préparation des ateliers je prends la plume pour tester les exercices que je vais proposer et parfois, je laisse une mélodie s’immiscer entre les lignes de textes.

J’aime assez le résultat. Les mots, tournures de phrases et ambiance qui en ressortent me surprennent souvent !!

D’ailleurs, je vous invite à ce petit jeu d’écriture(s) et de musique(s)

Prenez une de ces musiques :

– 1er film d’Harry Potter,

– ou bien des Blues Brothers,

– ou aussi le Laboratorium Pieśni,

– ou encore le groupe SKALD.

Ce sont des ambiances musicales qui, j’en suis sûre, vous permettront d’écrire des textes bien différents.

A vos plumes et papiers, amusez vous bien !

Scripturalement vôtre

Et si je faisais une fiche pour mes personnages ?

OUI, ce n’est pas un exercice facile, agréable ou tout simplement plaisant. Et non, ce n’est pas obligatoire.

Quoique !

Déjà, il faut savoir si c’est un méchant ou un gentil, le personnage principal ou un personnage secondaire, si il a de bon côté et des mauvais ou les deux.

Bref, de la pure création. Et parfois, on croit avoir cerné notre personnage et au final il ne réagit pas du tout bien dans le scenario où on va le mettre… aurais-je loupé quelque chose ?

Et bien, je dirai que le personnage construit sur la fiche peut très bien en fonction du texte, des évènements que vous aurez écrit, se transformer. Votre fiche n’est pas pour autant fausse. Mais il est alors important que le retournement de situation de votre texte justifie ce changement de personnalité.

Un méchant, par exemple, peut être au début plutôt gentil et, progressivement, par sa manière d’agir, de parler, de penser, puis ses actions, glisser vers sa caractéristique de méchant.
Par exemple, utilisez vos expériences personnelles (oui c’est facile à dire ça), vos rencontres avec des manipulateurs toxiques qui usent de techniques corrosives. Alors, il y a de forte chance que votre écrit devienne intense, palpitant, voire angoissant. Votre méchant arrive.
ça puise dans notre imaginaire personnel de lecteur/d’écrivant/d’humain, dans vos peurs profondes… Votre méchant est là !

Bref, quand on fait sa fiche de personnage, l’idéal c’est d’écrire quelques scènes d’essai en plaçant votre personnage dans différentes situations et ses réactions.

Écrivez comme si le roman prenait forme. Est-ce que votre personnage s’insère naturellement dedans, est-ce qu’il est parfait dans ce décor, dans l’intrigue, avec les autres personnages ?

Et si non, que vous dit-il ? Posez votre texte quelques jours, puis reprenez le, comme si c’était quelqu’un que vous ne connaissez pas qui l’avait écrit… On pari combien que vous trouverez comment résoudre vos interrogations !!

Alors fiche de personnage ou pas. Ma première réponse c’est oui. Oui pour poser les principales caractéristiques. Et Non, car parfois, nos personnages nous échappent, se transforment, vivent leur vie et nous autres, pauvres écrivants, nous subissons leurs diktat.

Du plaisir (ou pas) d’écrire des descriptions

Un de mes exercices cette année en atelier est d’écrire des descriptions.

Mais que met-on dans une description ? Y a t-il une limite ? Doit-on être précis ou évasif ? Comment les construire ?

Mais surtout, peut-on écrire un texte sans mettre un minimum de description dedans ?

J’ai souvent en atelier des écrivants qui n’aiment pas écrire les descriptions. Ils préfèrent intégrer des dialogues ou des narrations

Pourtant, l’importance des descriptions et le soin qu’on leur apporte peut changer complètement le rythme du texte. Mais comment s’en sortir quand on n’aime pas en écrire…

Prenons déjà les descriptions comme un outil d’écriture comme un autre.

Donc tout comme on peut écrire un roman sans dialogue, on peut écrire un roman sans descriptions.

Comme l’écrit Cécile Duquenne dans sa newsletter du 19 décembre 2022, pas de description dans un roman : « Ça ne le rendra pas moins intéressant ou moins abouti ou moins qualitatif.

Juste… moins descriptif ! »

Du coup, il me semble, que pour que le récit soit agréable pour le lecteur, d’autres aspect du texte comme les personnages, les dialogues, devront être mis en place.

Et là, on ne peut pas y couper, il faut compenser l’absence par la visualisation claire des personnages, et donc Vive la fiche descriptive des personnages !!